Le Brain Gym… et les personnes âgées
RDV AVEC LES HEROS DU BOUT DU CHEMIN...
Il y a 2 ans, au Congrès Brain Gym International, je vous partageais mon expérience hebdomadaire avec les personnes âgées.
Le souvenir de ce moment où j’ai exprimé et communiqué ma chance et ma joie de vivre ces rencontres, chaque semaine, avec “le Grand Âge”, me nourrit encore aujourd’hui, tellement j’ai ressenti l’écho qui résonnait en chaque personne présente et attentive.
Allez, suivez-moi, je vous emmène à St Marcel !
1 fois par semaine, depuis 7 ans, j’interviens dans une Résidence autonomie, dans le Morbihan, soutenue par le personnel de direction et par la municipalité. Et ça, c’est une vraie reconnaissance !
La première fois que j’y ai mis les pieds, j’avais tout préparé : un magnifique atelier Brain Gym, conçu du début jusqu’à la fin pour des personnes... qui marchent, parce que, dans ma tête, dans mon système de représentations, “autonome”, ça voulait dire: “qui marche”!
Ah la bonne blague !
Bien sûr, je ne tarde pas à me rendre compte, combien j’allais devoir recomposer.
Cette première intervention a été l’impulsion à une créativité permanente. Mais d’abord, je me suis obligée à ralentir, à ne pas céder à mon besoin d’organisation, à accepter l’idée que j’étais “en mode de repérage” et j’ai observé : les douleurs des corps, les blessures des cœurs et les trous dans les mémoires. Je les ai considérés, renforçant le liens à chacun de mes passages. La douleur est là, insinueuse et s’il est plus facile d’évoquer les plaies du corps, car elles sont visibles, je déploie des trésors de patience et de douceur pour aller visiter celles du cœur. Et là -quand cela est possible- je ressens une profonde reconnaissance d’être une dépositaire de leur histoire: histoire de guerre et de paix, d’amour et de désamour de manque et d’abondance, d’abandon et de retrouvailles, de peur et d’envie... de mourir.
Et là, on y est !
Chaque personne, individuellement, dépose dans l’espace/temps où je lui rends visite, ses tracas, son humeur, son inconfort et ensemble nous inventons les mots qui redonnent le sourire aux sillons qui lézardent leur visage. Quelle que soit la mobilité ou l’immobilité, je reviens au mouvement.
Et c’est là, que la créativité s’invite car rien n’est conforme aux mouvements que j’ai appris dans ces corps coincés, tordus, entravés et qui ont tant besoin de fluidité. Alors voilà, tout est dit : j’ai un plaisir et une gratitude immenses à tisser ces liens chaque semaine.
Echantillon de ce RDV hebdomadaire avec Simone
"𝑱'𝒂𝒊 𝒕𝒐𝒖𝒋𝒐𝒖𝒓𝒔 𝒂𝒗𝒂𝒏𝒄𝒆́, 𝒎𝒂𝒊𝒔 𝒍𝒂̀ 𝒋'𝒆𝒏 𝒑𝒆𝒖𝒙 𝒑𝒍𝒖𝒔..."
Simone. approche des 90 ans. Courageuse, combative, toute sa vie durant, elle a donné de l’amour à tous les enfants des autres
dont elle a croisé l'existence.
A travers le brouillard de ses larmes, silencieuses, je mesure combien cette femme est fatiguée, mais ne lâche rien : des douleurs intenses l'empêchent de dormir. Son corps parle des blessures de son cœur.
"J𝒆 𝒗𝒐𝒖𝒅𝒓𝒂𝒊𝒔 𝒕𝒂𝒏𝒕 𝒎𝒆 𝒓𝒆𝒑𝒐𝒔𝒆𝒓..."
Cet après-midi, Simone accepte de recevoir une séance un peu différente.
Avec son autorisation, je pose mes mains sur son corps usé, suivant les chemins du lâcher-prise. D'habitude, S... ne dort pas,
d'habitude, elle continue, inlassablement de raconter, de se raconter.
Mais aujourd'hui, S... s'endort.
Je la couvre, referme délicatement sa porte et me retire.
Anne Pointecouteau - Octobre 2024